1. L'EXPLICATION PAR LES OBJETSNous ne pouvons penser, ou plus généralement agir, sans nous appuyer sur la considération d'objets, ce terme devant être pris ici dans son acception la plus générale, et désignant aussi bien des objets abstraits par exemple , ou même des objets logiques , que des objets soumis plus ou moins immédiatement à notre expérience sensible . Ce sont eux que vise notre besoin d'explication, et en même temps ce sont eux qu'il utilise, qu'il s'agisse de la (...) connaissance la plus vulgaire ou de la iplus évoluée. Chaque objet comme tel possède une individualité significative constituée par l'union de propriétés caractéristiques et douées d'une certaine permanence, par exemple pour les objets matériels la propriété d'être localisés dans telle partie de l'espace. Distinguer un objet, c'est donc à la fois introduire une certaine discontinuité dans le monde extérieur, et affirmer une certaine continuité dans les limites du découpage ainsi effectué; trouver une explication consiste à opérer de nouvelles différenciations à l'intérieur de ce continu, grâce à des comparaisons entre les objets, à le définir comme composant ou composé d'autres objets. (shrink)

Une première période où les influences mêlées d’Alessandro Padoa et de Bertrand Russell s’exercent en France culmine avec les essais philosophiques de Jean Nicod. Une seconde période voit fleurir les travaux du mathématicien Jacques Herbrand ; avant de périr, il laisse son nom à un théorème fondamental. Suit une période de débats entre philosophes, mathématiciens et physiciens, stimulés en 1935 et 1937 par la tenue à Paris de deux congrès consacrés, totalement ou en partie, à la philosophie des sciences. (...) class='Hi'>Paulette Février y esquisse une logique non classique où l’on postule l’existence de couples de propositions non composables pour ériger en principes les relations de Werner Heisenberg. Jean-Louis Destouches développe cette conception jusqu’à décrire comment édifier une théorie unifiante. La structuration des êtres mathématiques est l’objet d’études philosophiques d’Albert Lautman. Le rôle putatif de la notion de groupe en logique est interrogé. La notion de structure mathématique est l’objet de deux contributions : Marc Krasner généralise les conceptions d’Évariste Galois, attribuées à la logique et étendues à des langages infinitaires ; Nicolas Bourbaki, compte tenu de l’évolution des mathématiques, qualifie de structure ce que nous appelons aujourd’hui un modèle. (shrink)

In 1932 Kolmogorov created a calculus of problems. This calculus became known to Deleuze through a 1945 paper by Paulette Destouches-Février. In it, he ultimately recognised a deepening of mathematical intuitionism. However, from the beginning, he proceeded to show its limits through a return to the Leibnizian project of Calculemus taken in its metaphysical stance. In the carrying out of this project, which is illustrated through a paradigm borrowed from Spinoza, the formal parallelism between problems, Leibnizian themes (...) and Peircean rhemes provides the key idea. By relying on this parallelism and by spreading the dialectic defined by Lautman with its ‘logical drama’ onto a Platonic perspective, we will attempt to obtain Deleuze's full calculus of problems. In investigating how the same Idea may be in mathematics and in philosophy, we will proceed to show how this calculus of problems qualifies not only as a paradigm of the Idea but also as the apex of transdiciplinarity. (shrink)

Nous entendons réexaminer tout un pan de l’histoire de la philosophie des sciences en France entre le milieu des années 1930 et l’immédiat après-guerre en nous appuyant sur les activités d’un réseau de scientifiques-philosophes qui s’est constitué autour de Gaston Bachelard, Jean-Louis Destouches et Ferdinand Gonseth après le congrès parisien de philosophie scientifique de septembre 1935. Ce réseau officialise sa rupture avec les positivismes logiques en organisant un colloque à Morgat en septembre 1938. Les activités de ce réseau se (...) concrétisent sous l’Occupation avec la publication en 1942 puis en 1944 de deux fascicules qui offrent une large place aux réflexions de Louis de Broglie, Jean-Louis Destouches et Paulette Destouches-Février en physique théorique, tout en traitant d’autres thématiques telles que le langage et le finalisme. Ces deux fascicules reflètent ponctuellement les engagements de l’un de ses membres, à savoir Jean Mariani, en faveur de la Révolution nationale. Si ce dernier est durement sanctionné à l’automne 1946, l’essentiel de ce réseau continue à jouer un rôle structurant en philosophie des sciences après la guerre et il gagne même en visibilité sur la scène philosophique internationale, grâce au soutien de Ferdinand Gonseth et de Stanislas Dockx. (shrink)

Nous entendons réexaminer tout un pan de l’histoire de la philosophie des sciences en France entre le milieu des années 1930 et l’immédiat après-guerre en nous appuyant sur les activités d’un réseau de scientifiques-philosophes qui s’est constitué autour de Gaston Bachelard, Jean-Louis Destouches et Ferdinand Gonseth après le congrès parisien de philosophie scientifique de septembre 1935. Ce réseau officialise sa rupture avec les positivismes logiques en organisant un colloque à Morgat en septembre 1938. Les activités de ce réseau se (...) concrétisent sous l’Occupation avec la publication en 1942 puis en 1944 de deux fascicules qui offrent une large place aux réflexions de Louis de Broglie, Jean-Louis Destouches et Paulette Destouches-Février en physique théorique, tout en traitant d’autres thématiques telles que le langage et le finalisme. Ces deux fascicules reflètent ponctuellement les engagements de l’un de ses membres, à savoir Jean Mariani, en faveur de la Révolution nationale. Si... (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Martha Nussbaum on Dickens's Hard TimesPaulette KidderAt the heart of Martha Nussbaum's work in capability ethics is a rejection of utilitarianism. Nussbaum has repeatedly recounted a pivotal moment in Dickens's Hard Times (1854), in which the young Sissy Jupe delivers an innocent but devastating critique of the utilitarian system.1 Nussbaum's most extended and compelling reading of Hard Times appears in Poetic Justice: The Literary Imagination and Public Life.2 Nussbaum (...) convincingly shows that Dickens's novel is a "deep attack" on utilitarianism, going to the heart of the assumption that the human good consists in maximizing the satisfaction of preferences of the greatest aggregate of persons.In what follows, I will review Nussbaum's philosophical reading of the novel and its critique of utilitarianism, and then return to Hard Times to show that Nussbaum has systematically omitted references to the Biblical themes and references that pervade the novel. Arguing that Dickens's attack on utilitarianism draws much of its power from the resonance of these historically rooted symbols of transcendence, I will conclude with a reflection on the reasons for Nussbaum's avoidance of these themes in her own reading of the book.Hard Times, which focuses on a set of characters living in the polluted and class-divided manufacturing city of "Coketown," is known as Dickens's most polemical novel. The novel announces its central theme immediately in the opening speech by Thomas Gradgrind to the young students of the Gradgrind School: "Now, what I want is, Facts. Teach [End Page 417] these boys and girls nothing but Facts. Facts alone are wanted in life. Plant nothing else, and root out everything else...."3From the youngest age, the children in Gradgrind's school are taught to avoid wonder and imagination and only to focus on science and mathematics—the study of what is observable and measurable. This education leaves his two eldest children, Tom and Louisa, miserably unequipped for the choices they face as adults. Young Tom Gradgrind grows up to be an undisciplined wastrel, incurring gambling debts that lead him to embezzle money and then to frame a factory worker, Stephen Blackpool, for the crime. Louisa Gradgrind endures a miserable marriage to her father's wealthy friend, Josiah Bounderby.At the moral center of the novel is Sissy Jupe, a girl who proves impervious to Gradgrind's educational system. Sissy, the daughter of a horse trainer who works for Sleary's Circus, is abandoned by her father and taken into the Gradgrind home. Sharing the moral center with Sissy is Stephen Blackpool, a weaver whose honesty and conviction cause him to run afoul of both his employer Bounderby and the demagogic Slackbridge, organizer for the trade union.In her reading of Hard Times, Nussbaum identifies four elements of utilitarianism: commensurability, aggregation, maximizing, and exogenous preferences, all of which are both dramatized in the novel and critiqued by it (PJ, p. 14). Commensurability means that "all the valuable things under consideration [are regarded as] valuable because they contain some one thing that itself varies only in quantity" (PJ, p. 14). Characters that Dickens presents as memorable individuals are seen by Gradgrind's system as "parcels of human nature." Students in Gradgrind's School are called by number instead of name, and the workers of Coke-town are seen as "hands and stomachs," and are likened to "ants and beetles." Individuality is erased by what Nussbaum terms Gradgrind's "abstracting mathematical mind" (PJ, p. 21).Aggregation, the second utilitarian element, means that data about individual lives is pooled, "without regarding the boundaries between lives as especially salient for the purposes of choice" (p. 14). Louisa Gradgrind is taught, for example, to view the working classes as "Something to be worked so much and paid so much, and there ended; something to be infallibly settled by laws of supply and demand; something that blundered against those laws, and floundered into difficulty; something that was a little pinched when wheat was dear, and overate itself when wheat was cheap... But, she had scarcely thought more of separating [End Page 418] [the people of Coketown] into units, than of separating the sea itself into its... (shrink)